C’est une école de patience qui exige du temps et développe le sens de l’observation.
Une aventure fascinante attend l’éleveur de moutons car de tous les animaux de la ferme c’est probablement le plus craintif, le plus méfiant. Ceci le rend attrayant autant qu’antipathique. Par ailleurs, ceux qui méprisent ce « tas de viande vivante et stupide » portent un jugement hâtif et erroné. En fait, ce sont l’attitude du berger et les circonstances d’élevage qui conditionnent les réactions d’un troupeau.
Le mouton est effectivement un compagnon bien particulier : il ne recherche pas vraiment les caresses et reste à distance respectable lorsqu’un inconnu s’approche. Il n’ aime pas les changements brusques, n’obéit évidemment à aucun ordre, ne supporte pas les contraintes, et s’enfuit aux bruits inhabituels !
Aussi entre le petit agneau que les enfants cajolent quelques minutes et le quotidien d’un mouton adulte, grégaire et peureux, il y a un fossé qui risque de décevoir bien des familles d’amateurs.
L’esprit de l’éleveur se délasse en présence d’animaux aussi indépendants. Son activité essentielle consiste à les regarder vivre : le troupeau broute en marchant doucement, puis se couche pour ruminer. La brebis dominante donne le signal de la fuite. A contrario la plus douce entraîne le troupeau dans la bergerie. Le pâtre exerce son regard : spécule sur le développement d’un agneau, remarque les comportements du groupe et repère les changements d’attitude qui témoignent d’une maladie ou d’une mise bas à venir.
Calme, silence et lenteur sont indispensables au berger accepté de ses animaux. Il les visite chaque jour, à la même heure de préférence, apporte parfois une gourmandise, les tranquillise, écoute et observe. C’est donc une école de patience qui exige du temps et développe le sens de l’observation.
L’élevage de moutons requiert des qualités que le débutant ne possède pas forcément. Mais après quelques mois l’éleveur s’aperçoit qu’il est bien plus domestiqué par ses moutons que ces derniers ne le sont par lui ! Seule l’acceptation de cette réalité permet une meilleure connaissance de soi et autorise des progrès dans la conduite de l’élevage.